Chrétiens Divorcés Remariés du Diocèse de Nice

Chrétiens Divorcés Remariés du Diocèse de Nice

les réflexions


L’église catholique tiraillée sur la question des divorcés remaries(« LA CROIX » le 22 novembre 2011)

 

L’EGLISE CATHOLIQUE TIRAILLEE SUR LA QUESTION DES DIVORCES REMARIES

 

Lorsqu’à la messe, elle entend « Heureux les invités à la table du Seigneur », Juliette(1) quitte l’église, discrètement. Les années n’ont pas apaisé la colère et l’incompréhension de cette catholique pratiquante, divorcée et remariée depuis vingt-cinq ans à un homme dans la même situation. « Je n’en veux pas à Dieu mais à l’institution qui ne nous permet pas de communier, lâche-t-elle. Je ne suis revenue à la foi qu’après mon premier mariage qui n’avait pas été célébré à l’église ! ». Juliette avoue communier de temps en temps, en catimini, dans une paroisse où elle n’est pas connue. « Je vois bien que les curés sont embarrassés ». Jeune curé d’Ile-de-France, le P. Rémi confirme : « Nous nous sentons tiraillés : comment tenir à la fois l’indissolubilité du mariage et la miséricorde dont le Christ fait preuve ? ».

 

Ce cas de conscience et la situation douloureuse de Juliette illustrent la complexité d’une question qui déchire l’Eglise catholique et s’invite régulièrement dans l’actualité. En juin 2011, 400 prêtres autrichiens ont signé un « appel à désobéir » avertissant qu’ils donneraient la communion aux divorcés remarié. En Allemagne, plusieurs évêques, derrière le président de la Conférence épiscopale, ont plaidé pour l’ouverture d’un débat théologique.

 

Sans trouver un écho aussi large, ce mouvement a gagné la France où une vingtaine de prêtres du diocèse de Rouen ont rejoint l’appel des Autrichiens. « Nous ne sommes plus un Eglise de purs, s’enflamme l’un des signataires, le P. René Gobbé. Pourquoi les fautes relevant de la morale familiale et sexuelles sont-elles jugées plus durement ? »

 

A cette incompréhension de mêle le sentiment de ne pas être entendu : le synode du diocèse de Rouen en mai 2010, comme tous ceux organisés en France depuis plusieurs décennies, avait émis le souhait que les prêtres puissent autoriser, au cas par cas, la communion.

 

Pour autant, plus que la contestation, dont il est difficile d’évaluer l’exacte ampleur, la situation des divorcés remariés provoque un immense malaise. En témoignent les réticences des responsables d’Eglise à s’exprimer publiquement sur la question. Ce malaise touche même les fidèles et les prêtres les plus convaincus « de la sagesse du magistère et de l’intuition prophétique de l’ l’Eglise qui veut tenir, envers toutes les pressions de la société, que le mariage est possible pour toujours » selon les mots du P. Rémi.

 

Avec l’augmentation des divorces (près d’un mariage sur deux en province et deux sur trois à Paris), les « situations irrégulières » auxquelles les pasteurs sont confrontés sont devenues plus fréquentes. Ainsi ce diacre du Gers qui reçoit plus de demandes de bénédiction après un remariage que de demandes de sacrement de mariage. Même si l’Eglise catholique recommande de ne pas célébrer de telles cérémonies, certaines paroisses proposent pourtant une prière : « Nous sommes sous tension car il ne faut pas que cela ressemble à une messe de mariage, reconnaît Philppe Leruste, diacre chargé d’accompagner les divorcés remariés à Bordeaux. Nous privilégions un lieu privé, comme un jardin. Au cours de la cérémonie, les couples demandent pardon de ne pas avoir tenu la promesse de leur première alliance. » (²)

 

Ancien responsable de l’association nationale Chrétiens divorcés chemin d’alliance, Hugues de la Garde en convient : « Nous nous sentons davantage pris en considération. » Des initiatives adaptées sont, de fait, proposées dans une quarantaine de diocèses, dans les mouvements comme les équipes Notre-Dame, et les communautés nouvelles (Cana Samarie, sessions à Paray-le-Monial…).

 

« Nous accompagnons chacun en fonction de son histoire sur un chemin de conversion personnelle », explique Marie-Pierre martin, secrétaire de l’association Miséricorde et Vérité…En revanche, elle souligne « qu’on ne peut proposer une pastorale des personnes séparées sans tenir compte de ceux qui veulent rester fidèles à leur premier mariage, au sein de l’association Notre-Dame d l’Alliance notamment ». Certains, même s’ils reconnaissent leur souffrance, souhaitent que l’Eglise conserve son exigence.

 

Enseignant à la retraite et remarié depuis trente-cinq ans, Henri, 69 ans, avoue vivre difficilement « le fait de ne pouvoir communier ni se confesser », mais il refuse d’être « pris en otage » par les promoteurs d’un changement doctrinal. « Il ne suffit pas de dire que l’Eglise ne comprend rien à la vie des gens et qu’elle doit prendre acte des évolutions de la société. Les situations sont complexes. Par solidarité avec le mariage auquel je crois, j’accepte sa position ». Il affirme du reste ne pas se sentir « exclu de l’Eglise (3)» : Bien au contraire, ma situation m’a forcé à me remettre en cause et je continue de témoigner de ma foi ».

 

 

 

Article paru dans « LA CROIX » le 22 novembre 2011

CELINE HOYEAU

LOUP BESMOND DE SENNEVILLE

BRUNO BOUVET

 

 

 

1- Certains prénoms ont été changés 

 

2- Dans le diocèse de Nice , Monseigneur Sankalé a donné son accord pour que soit largement diffusé un livret intitulé "Temps de prière en Eglise pour couple divorcés-remariés" permettant aux prêtres de pouvoir discerner les attentes parfois ambiguës des couples Chrétiens divorcés qui se remarient, et d'augmenter leur capacités d'accueil de ces couples dans la clarté de propositions non clandestines 

 

3- Décision n° 2.3.1 du Synode diocésain de Nice 2007-2009 : 

" Pour les personnes divorcées, chaque paroisse ou communauté Chrétienne exprimera sa volonté d'accueil, dans le respect des situations particulières, et manifeste qu'elles ont toute leur place dans l'Eglise. La paroisse développe les actions adaptées : désignation d'un référent, constitution de groupes de prière, de soutien, d'écoute, d'échange pour accompagner ces personnes. Elle s'assurera de leur participation à la vie ecclésiale. Observatoire de ces actions, le service de la Pastorale Familiale veille à leur développement dans une cohérence diocésaine.  il rend compte à leur Evêque devant le conseil presbytérale"

 

 

 


03/02/2013
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